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Première leçon montée

Autrefois, la première séance de débourrage tournait souvent au rodéo. Aujourd'hui, le dressage éthologique a fait des émules. Le travail de débourrage se fait progressivement, en tenant compte de la nature du cheval et de ses réactions. Le cheval ne sera pas traumatisé.

Le premier monté : un grand événement

La première fois que l’on monte un poulain est un grand événement et le cavalier ne peut s’empêcher d’être ému. Mais le cheval, lui, doit être suffisamment préparé pour n’éprouver aucune émotion désagréable. La démonstration qui est faite ici se déroule sur plusieurs séances.
Au travail
Monte classique ou monte américaine, on aborde aujourd’hui le débourrage dans un esprit éthologique (en tenant compte du comportement instinctif du cheval). Le cheval est comme un compagnon à qui on enseigne les règles d’un jeu et non un adversaire que l’on soumet brutalement en lui cassant le moral.
  1. Pour le jeune cheval, la selle est un objet inconnu. Elle possède une odeur forte (celle de tous les chevaux sur lesquels elle est passée!) et de nombreux éléments qui grincent ou qui cliquettent. Laissez-le se familiariser avec elle. Posez la selle et son tapis à terre ou contre un poteau et amenez le cheval à proximité. Il doit pouvoir la flairer, la pousser du nez, en faire le tour tout à son aise. Lorsqu’il s’en désintéresse, c’est qu’il la connaît. Ramenez à plusieurs reprises le cheval dans le paddock en plaçant toujours la selle à un endroit différent. Lorsqu’il cesse de marquer la moindre surprise, il est familiarisé avec cet objet.
  2. L’étape suivante consiste à habituer le cheval au contact du tapis de selle. Prenez le tapis dans la main et portez-le vers les naseaux du cheval afin qu’il l’identifie. Ensuite, approchez le tapis de son épaule, de son flanc, de sa croupe. Il risque de tressaillir au début. Ne le «coincez» pas contre une barrière pour l’obliger à accepter ce contact. S’il a peur, reposez le tapis et passez à autre chose. Recommencez plus tard. Lorsque le cheval se laisse caresser sur tout le corps avec le tapis, placez celui-ci sur son dos, puis rapprochez-le de sa tête. Il doit finir par tolérer qu’on lui pose le tapis sur l’encolure sans marquer d’inquiétude.
  3. Mettez le tapis de selle à sa place et posez la selle par-dessus, en douceur. Utilisez d’abord une vieille selle, le cheval pourrait la jeter à terre. Bougez la selle sur son dos. S’il ne réagit pas, passez plusieurs fois votre main le long du passage de sangle, puis attrapez la sangle et fixez-la sans la serrer. Attention, cette sensation nouvelle peut surprendre le cheval. Lâchez-le en liberté ou en longe et laissez-lui le temps d’expérimenter cette nouvelle sensation. Recommencez plusieurs fois, à des moments différents.
  4. Lorsque le cheval accepte complètement la selle, passez à l’étape suivante. Il faut être deux, ou même trois. Tandis qu’une personne tient le cheval par le licol, collez-vous contre le flanc gauche. Tapotez la selle, caressez le poulain de part et d’autre avec des gestes francs et marqués, déplacez les étriers. Petit à petit, faites des gestes de plus en plus larges. Agitez les mains au-dessus de la selle.
  5. Lorsque le cheval ne réagit plus, faites-vous aider et posez-vous en travers de la selle, comme un sac. Ensuite, recommencez à manipuler les étriers et à agiter les bras. Le cheval s’habitue progressivement à votre poids et aux mouvements qu’il perçoit sur son dos. Laissez-le renifler vos jambes et vos bras. Dès qu’il ne réagit plus, la personne qui tient le licol lui fait faire quelques pas avec sa charge. A la moindre alerte, vous pouvez glisser à terre.
  6. Il faut maintenant vous mettre vraiment en selle. C’est un moment décisif et l’un des plus effrayants pour le poulain: il voit soudain le buste du cavalier se dresser sur son dos. Son instinct lui crie de fuir cette masse plus haute que sa tête.Afin de ne pas faire de gestes brusques, demandez qu’on vous aide à passer la jambe par-dessus la croupe. Une fois là, redressez très progressivement le buste. Tout au long de cette opération, parlez au cheval d’une voix apaisante et caressez-le.
  7. Redescendez aussitôt et félicitez abondamment le cheval. Interrompez le travail et reprenez-le lors d’une autre séance. Lorsque le cheval ne réagit plus à l’apparition de votre buste, la personne qui le tient le fait marcher dans tout le paddock. Voilà, le cheval accepte désormais d’être monté! Poursuivez le dressage avec patience et douceur, toujours de façon très progressive: on aborde une nouvelle étape lorsque la précédente est parfaitement acceptée et comprise.
Bon pour le moral
Toutes ces expériences nouvelles stimulent et amusent le jeune cheval – elles le stressent et le fatiguent aussi. Ne l’écœurez pas en dépassant les limites de ses capacités d’attention et de sa patience. Contentez-vous de séances de travail très brèves, une ou deux fois par jour. Félicitez beaucoup le cheval et encouragez-le de la voix.
Le bon geste
Vous avez tout intérêt à répéter toutes les opérations des deux côtés. Dans la pratique, la plupart des manipulations se font à gauche, mais il est préférable que le cheval accepte vos gestes indifféremment à droite ou à gauche.
Le coin du pro
Pour laisser le cheval faire connaissance avec la selle, utilisez le vrai tapis (pour l’odeur) mais choisissez de préférence une selle hors d’usage. La toute première fois, il se peut que le cheval cherche à la mordiller ou à la déplacer avec le pied. C’est pour lui une façon d’identifier l’objet. Mais, par la suite, apprenez-lui à respecter le matériel : cette règle vous évitera bien des déboires.

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