Pages

L'Alter réal



Fleuron national

Créé pour fournir les écuries du roi, l'alter real appartient aujourd'hui au patrimoine culturel du Portugal.
Trois cents juments fondatrices
L'histoire de l'alter real commence en 1747, date à laquelle on importa d'Espagne - plus exactement de Jerez de la Frontera - 300 juments andalouses, que l'on installa au haras royal de Vila de Portal. Ces magnifiques poulinières permirent de fonder une nouvelle race, que l'on baptisa d'après le nom de la localité - Alter do Chao. Real, en portugais, signifie tout simplement "royal".
Haras royal
Cette région avait été choisie parce que son sol et sa végétation permettaient d'entreprendre un élevage de qualité. Le haras devait fournir aux écuries royales, selon la demande du roi José Ier, des chevaux d'élite capables d'évoluer avec aisance et d'acquérir facilement les bases de l'équitation classique telle qu'on l'entendait alors: il fallait donc des montures de belle prestance, assez fortes mais élégantes, douées pour le rassembler et les airs relevés.
La contribution d'un grand maître
Naturellement, la seule étiquette de fournisseur du roi aurait suffi a établir la renommée du haras et à asseoir la valeur de la race. Néanmoins, la célébrité des alter real, qui s'étendit à toute l'Europe au XVIIIe siècle, dut aussi beaucoup à un écuyer de talent, qui contribua grandement à démontrer les dons de la race pour le dressage. Il s'agit du marquis de Marialva, cavalier éclairé qui fit profondément évoluer l'équitation classique dans toute la péninsule Ibérique et qui régna en maître sur les écuries royales à partir de 1770.
Le déclin
Malheureusement, la royale carrière de l'alter real fut brisée par les guerres napoléoniennes. Au début du XIXe siècle, les troupes françaises dispersèrent les reproducteurs, et le haras royal fut fermé en 1834. On s'efforça par la suite de recréer de nouvelles lignées, selon la mode de l'époque, en procédant à des apports de sang divers: pur-sang bien sûr, hanovrien et, surtout, arabe. Aucun de ces croisements ne donna de bons résultats, le sang arabe, pour une fois, n'opérant aucune amélioration et contribuant même à une rapide dégradation des qualités de la race.
Gros plan
L'alter real possède une tête typiquement ibérique, avec un profil généralement busqué et, parfois, un peu long, des ganaches légères, une expression intelligente et douce, un nez rond.
Le coin du pro
Les allures de l'alter real sont très marquées, le genou et le jarret fléchissant et se levant de façon presque exagérée. Mais cela convient parfaitement à l'équitation de haute école classique, qui tire magnifiquement parti de l'aptitude de ce cheval à se rassembler et de son talent pour les airs relevés.
Le bon influx andalou
A la fin du XIXe siècle, les éleveurs s'efforcèrent de redonner naissance à la race par l'apport de sang andalou très pur. On employa pour ce faire des juments du haras de Zapata. L'amélioration fut sensible, mais la dissolution de la monarchie fit peser une nouvelle menace sur le haras royal. Fort heureusement, le docteur Ruy d'Andrade, une autorité dans le monde équestre portugais, sauva quelques souches. En 1932, le haras passa aux mains du ministère de l'Agriculture et, en quelques décennies, la race commença à renaître.
Origine
L'alter real a été créé au haras de Vila de Portal, près d'Alter do Chao, dans la province portugaise d'Alentejo. Aujourd'hui encore, c'est surtout dans cette région aux sols riches qu'on l'élève.

Type et tempérament

On dit que les alter real d'aujourd'hui ressemblent beaucoup à leurs ancêtres du XVIIIe siècle: ce sont des chevaux merveilleusement adaptés à la haute école de tradition portugaise.
Modèle
Avec son corps rond, puissant et équilibré, son encolure incurvée et portée haut qui favorise le ramener, l'alter real ressemble beaucoup aux autres chevaux ibériques. Mais il s'en distingue par son dos long et droit, sa croupe haute et, surtout, par la longueur de ses canons et de ses pâturons: le bras est parfois plus court que le canon! S'il est long-jointé, l'alter real possède des jarrets forts et bien placés. Cette morphologie favorise le report du poids sur l'arrière-main, donc le rassembler. Sa taille est comprise entre 1,50m et 1,60m.
Robe
Bai et bai-brun.
Tempérament
Après les croisements malheureux entrepris au XIXe siècle, l'alter real avait la réputation d'être un cheval capricieux, difficile à soumettre, parfois violent. Aujourd'hui, il ne reste rien de ce mauvais caractère. L'alter real est intelligent et volontaire. Brillant, impétueux mais restant aux ordres, il fait merveille dans tout le travail de haute école s'il est monté par un cavalier fin et juste.

Aucun commentaire: