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Le cheval en groupe

Le cheval de randonnée apprécie au moins autant que son cavalier le fait d'évoluer en groupe : pour un animal aussi grégaire, la présence de ses congénères est synonyme de confort et de sécurité. Il en oublierait presque ses devoirs !

Facilité et complication !

En flattant l'instinct grégaire du cheval, le travail en groupe semble faciliter celui du cavalier. Attention, cependant, car la médaille a son revers.
Pilotage automatique
Lorsqu'il évolue en groupe, derrière un chef de file, le cheval retrouve l'ambiance familière et rassurante du troupeau : il n'a plus qu'à se laisser faire, la voie est ouverte, la piste est sûre. Sa tendance naturelle consiste alors à suivre exactement celui qui le précède, à marcher là où il a marché, à calquer sur lui ses allures. Dans ces conditions, le cavalier risque de perdre peu à peu son rôle normal de leader et de devenir un simple passager clandestin. C'est assez reposant lorsqu'on souhaite se détendre, regarder le paysage ou discuter. Mais, parfois, on aimerait reprendre le contrôle, s'éloigner du groupe, modérer l'allure. On s'aperçoit alors soudain que le cheval n'obéit plus.
Garder le contrôle
Deux raisons expliquent cette rapide perte d'autorité :
  • L'habitude : si le cheval passe 90% de son temps à suivre et à imiter ses congénères plutôt qu'à écouter son cavalier, il aura tendance à généraliser ce comportement. Il suffit, en principe, de maintenir l'équilibre entre travail en groupe et travail individuel (promenade, carrière) pour éviter ce problème.
  • L'absence de repères : pour un cheval, ce qui est permis de temps à autre est considéré comme toujours autorisé. L'erreur commise par la plupart des cavaliers, en groupe, c'est de laisser leur monture prendre des initiatives, en particulier celle de changer d'allure, sans en avoir reçu l'ordre. Il suffirait d'être un peu plus vigilant, d'anticiper les mouvements du groupe, pour donner le signal de la transition à temps ou, même, avec un léger retard. Ainsi le cheval conserverait l'habitude de respecter la volonté de son cavalier.
Mise en confiance
Le groupe rassure le cheval face aux surprises de son environnement. Il acceptera volontiers de traverser un ruisseau, de franchir un fossé ou de croiser des véhicules s'il est précédé par ses congénères. Le revers de la médaille, c'est qu'à force de soigner la peur par la « thérapie de groupe », le cavalier risque de ne jamais établir de relation de confiance avec sa monture. Celle-ci donnera l'impression de passer partout tant qu'elle sera bien entourée, mais s'inquiétera devant les mêmes éléments une fois seule avec son cavalier. Il est donc important de varier les situations en donnant sa place au travail individuel.

Les secret d’une cohabitation pacifique

Comme il le ferait dans le troupeau, le cheval va chercher à établir sa place dans le groupe. Une source potentielle de conflit qu'il faut savoir gérer.
Laisser faire...
Lorsque les chevaux sont montés par des cavaliers peu assurés, incapables de maîtriser les réactions de leur monture, la hiérarchie naturelle est presque incontournable. L'accompagnateur place les chevaux dans la file en respectant les rapports de dominance qui se sont établis au pré, ce qui lui permet d'obtenir une colonne bien stable. En effet, par respect pour le dominant qui le précède, chaque dominé tient ses distances et s'abstient de dépasser. Ainsi, le groupe reste en ordre malgré le manque de compétence des cavaliers.
... ou intervenir?
Mais dès que les cavaliers maîtrisent leur monture, il n'est plus possible de laisser celles-ci décider de l'organisation hiérarchique. Sinon, adieu la liberté de dépasser, de changer de place dans la colonne, de marcher de front, etc. On risque des menaces, des tentatives d'intimidation, des coups de pied. Toute cohabitation avec des chevaux inconnus se révélerait risquée, les rapports hiérarchiques n'ayant pu être préalablement établis en liberté. La solution, c'est de demander au cheval de faire taire ses pulsions et de s'en remettre complètement à l'arbitrage de son cavalier, qui joue le rôle d'un « super-dominant ». Pour ce faire, il faut que l'homme ait pris sur sa monture un fort ascendant et qu'il veille au grain en protestant au moindre signe de menace ou d'agression.
Le coin du pro
Pour évoluer en groupe sans perdre son ascendant sur sa monture, voici quelques comportements clés, à connaître et à adopter :
  • Continuer à donner chaque signal de changement d'allure pour ne pas laisser le cheval imiter bêtement le groupe ;
  • Changer régulièrement de position dans la colonne : marcher de front, en tête, en queue ;
  • Faire régulièrement de petits crochets pour tester la direction : aller, par exemple, on tourner un arbre ou un poteau proche (il est bon d'avoir un but concret).
S'affirmer hiérarchiquement
Pour obtenir une meilleure écoute de son cheval malgré la présence du groupe et mettre fin à d'éventuelles manifestations agressives, la solution est simple : le cavalier doit s'affirmer comme le leader. L'essentiel de ce travail se fait en main. Quelques pistes à suivre :
  • ne jamais se laisser dépasser par le cheval ;
  • lui réclamer le respect des distances de sécurité ;
  • ne jamais s'écarter devant lui mais, ou contraire, lui apprendre à « faire place » ;
  • le promener en main en respectant ces règles.

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