Débourrage : le grand mot est lâché. Cette période d'initiation est un moment important dans la vie du poulain, qui ne doit pas le vivre comme un choc, une rupture, mais comme la continuation d'une éducation entamée dès les premiers jours.
Le débourrage doit-il exister ?
Un poulain bien éduqué ne devrait avoir besoin que d'un léger débourrage. Mais ce terme demeure pour désigner la période où le jeune cheval est monté pour la première fois et acquiert un dressage de base.
Débourrer ou « briser » ?
Souvent, autrefois, le débourrage se résumait à quelques séances de « mise au pas » qui traumatisaient durablement le jeune cheval. Il n'était pas rare qu'on laisse le poulain grandir au pré, presque sans aucun contact avec l'homme, du sevrage à trois ans. Lorsqu'on venait le chercher pour le débourrer, le jeune animal connaissait juste le licol. En quelques jours, on lui mettait un filet, une selle, et on lui montait dessus. D'animal sauvage, il devait devenir docile monture. Naturellement, les séances de débourrage tournaient fréquemment au rodéo, le poulain épouvanté s'efforçant de préserver la liberté de fuite indispensable à sa survie et d'échapper aux contraites (et souvent aux souffrances !) qu'on lui imposait. L'intention plus ou moins avouée était de « briser » la volonté du cheval, de lui inspirer par la force, la crainte de l'homme dans l'espoir d'en obtenir une obéissance aveugle.
Le respect, pas la crainte
Aujourd'hui, on évite ce genre d'affrontement. Il est admis qu'une relation avec l'animal fondée sur la crainte ne donne pas de bons résultats. Un cheval qui a peur ou qui souffre devient en général une monture imprévisible et développe des troubles du comportement. Il est difficile d'obtenir qu'il se livre volontiers. Il apprend mal et lentement, toujours préoccupé par la peur et son corollaire, le désir de fuir. La plupart des cavaliers s'efforcent donc d'éviter un débourrage soudain et cherchent à le remplacer par une éducation progressive au cours de laquelle le jeune animal apprend à respecter l'homme, à lui faire confiance et à se laisser manipuler par lui.
Le débourrage : de longues semaines
Le mot débourrage ne désigne donc plus un moment précis de la vie du cheval, mais une période, relativement longue, où il est accoutumé au travail en liberté et en longe, au harnachement, puis au cavalier. On considère qu'un cheval est débourré lorsqu'il s'est habitué à être monté et qu'il répond correctement, aux trois allures, aux ordres de base : avancer, tourner, s'arrêter.
Le débourrage en pratique
Si vous faîtes l'acquisition d'un poulain de 2 ou 3 ans, vous devez procéder au débourrage sans avoir participé à la période d'éducation préparatoire. Surtout, pas de précipitation !
Établir une relation solide
Pendant cette période de débourrage, mieux vaut garder le poulain au box : s'il comprend qu'il dépend de vous pour la nourriture, l'eau et les sorties, il vous sera plus facile d'asseoir votre position de dominant. Néanmoins, pour son moral, n'omettez pas de lui accorder un peu de liberté chaque jour. Dans la mesure du possible, faites plusieurs séances de travail courtes : quinze à vingt minutes maximum. Commencez par le familiariser avec les soins au box et le travail en main. Votre premier objectif est d'obtenir un cheval qui se laisse manipuler avec confiance et qui marche (et s'arrête) correctement en main.
Progressivement
Ce résultat obtenu, vous pouvez commencer le travail en liberté et en longe. Le poulain doit apprendre progressivement les principaux ordres vocaux et les gestes correspondants. Vous pourrez rapidement lui passer un filet et l'habituer à le garder quelque temps. Présentez-lui la selle et posez-la sur le dos à plusieurs reprises avant d'en venir au délicat moment du sanglage. Quand votre cheval est passé par toutes ces étapes et n'a plus de réactions de crainte, vous pouvez le monter : monter et redescendre aussitôt, puis monter et marcher un peu (en longe, bien sûr) ; enfin, commencez son dressage sous la selle en vous appuyant sur les ordres vocaux qu'il a appris.
Le coin du pro
Les éthologues ont montré que dans les relations sociales complexes que le cheval tisse avec ses congénères, la notion de dominance occupe une place primordiale. Ils ont aussi montré qu'il faut utiliser cette notion pour établir avec le jeune animal, le plus tôt possible, une relation calquée sur celle qu'il aurait avec un dominant.
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